comment éviter un conflit entre générations

Une contribution au problème des retraites, ou comment éviter un conflit entre générations

13 octobre 2010, 21:36 Yves-Marie Laulan 0 commentaire
par Yves-Marie Laulan, président de l’Institut de Géopolitique des Populations

Le problème du financement des retraites ne sera, on le sait, que très provisoirement résolu par la récente réforme des retraites si ‘difficultueusement’ adoptée contre l’opposition bornée et obstinée des syndicats et des partis de gauche.
Car, à terme, le problème de leur financement reste entier, comme on va le voir.
Différentes pistes, qu’il faudra explorer sans en écarter aucune, ont été évoquées sauf, pour l’instant, celle de la diminution des retraites. Il sera pourtant nécessaire de l’envisager un jour, sous une forme ou sous une autre. En effet, avec le vieillissement de la population et l’arrivée de quelques dix millions de nouveaux retraités, le poids des engagements public au titre des retraites va vite devenir littéralement écrasant (près de neuf fois le PNB en Grèce, mais aussi plus de cinq fois en France). Cependant, avant d’en venir là, outre l’allongement de l’âge légal de la retraite (que l’Espagne envisage de porter à 67 ans ! mais jusqu’où peut-on aller ?) il y en a une autre, moins douloureuse et plus juste, qui mériterait examen.
L’idée est simple, presque banale. Puisque les progrès de la médecine se traduisent par 15 à 20 années supplémentaires de vie en bonne santé, et donc de la capacité de travailler, pourquoi ne pas en tirer les conséquences pour le financement des retraites ? Pourquoi ne pas inciter les « seniors », ceux qui ont bénéficié d’une « aubaine » conjoncturelle exceptionnelle, la possibilité de partir très tôt à la retraite, de revenir sur le marché du travail, tant qu’ils en ont la capacité physique et, bien entendu, s’ils en ont le désir ?
Ces derniers ont, en effet, bénéficié dans le passé de dispositions généreuses adoptées dans un climat d’euphorie économique et démographique tout différent de celui d’aujourd’hui. N’est-il pas un peu choquant de voir des personnes bénéficier d’une retraite pendant 20 ou 25 ans, soit une période d’une durée qui se rapproche de celle de leur vie active (encore davantage pour les agents de la SNCF, d’EDF et de l’Armée) ?
En fait, au moment de prendre leur retraite, seul un tiers des salariés sont encore en activité. Le taux d’emploi des seniors de plus de 60 ans, soit 38 %, est un des plus faibles d’Europe (45 % en moyenne).
Ne serait-il pas maintenant légitime, au nom de la solidarité nationale, de suggérer à ces jeunes retraités de reprendre une activité professionnelle, sous une forme ou sous une autre, et avec des modalités, bien entendu, adaptées, de façon à contribuer à financer eux-mêmes, ne serait-ce que partiellement, leur propre retraite.
Car la situation actuelle dissimule de criantes injustices au profit des retraités et au détriment des jeunes dont beaucoup sont frappés par le chômage et vivent dans la précarité. Les retraités sont, en quelque sorte, bénéficiaires de perpétuels congés payés au détriment de leurs voisins des « étages d’en dessous » dans la pyramide des âges, notamment les plus jeunes qui sont les grandes victimes de la situation actuelle. C’est à cette iniquité qu’il importe de porter remède au plus vite, sous peine de voir tôt ou tard une guerre des générations s’installer dans notre pays.
En effet, on sait que la moyenne des retraités perçoit une retraite fort convenable qui lui permet de vivre très confortablement. Dans certains cas, plus fréquents qu’on le pense, ces derniers bénéficient même d’une retraite supérieure à leurs revenus en période d’activité. Comme l’argent ne tombe pas du ciel, il en ressort que cette différence est prélevée sur le volume des salaires versés aux actifs, notamment les plus jeunes, qui sont ici clairement les victimes d’une inégalité manifeste.
De fait, la situation de naguère où beaucoup de retraites souffraient d’une douloureuse insuffisance de ressources pour vivre a été remplacée par l’excès inverse où les revenus perçus au titre des retraites l’emportent sur les salaires des personnes en activité. D’autant que la plupart sont propriétaires de leur logement.
Et cela sans tenir compte de nombreux avantages annexes consentis en faveur des personnes âgées, réductions sur les transports en commun, sur les spectacles, sur les voyages à l’étranger et séjours à prix avantageux , avantages en matière de fiscalité, qui ont aussi un coût financier , ce que l’on oublie souvent. Il est ainsi permis d’affirmer aujourd’hui sans crainte de se tromper :« Heureux comme un retraité en France [1]
Certes, ce tableau idyllique cache des zones d’ombre comme certaines catégories sociales, par exemple dans l’agriculture, où les certains pensionnés perçoivent à peine de quoi se sustenter. Mais cela est l’exception. La plupart des retraités vivent bien et longtemps car les inévitables ennuis de santé liés à l’âge, grâce aux progrès de la médecine, se manifestent plus tard et se supportent mieux.
En conséquence, beaucoup se satisfont sans trop se poser de questions d’une inactivité qu’ils estiment avoir bien mérité, (même s’ils ont peu ou pas cotisé du tout).
Car Il faut bien voir qu’à côté de retraités qui se lancent avec ardeur et sérieux dans le bénévolat pour y faire œuvre utile, un bon nombre préfèrent ne rien faire du tout, come en témoigne les parties de pétanque sur la place de nos villages ou l’encombrement de nos aéroports par de hordes de retraités âgés en partance joyeuse pour les îles Galapagos.
D’autres enfin cherchent un exutoire à leur ennui existentiel en se livrant à des activités à caractère plus ou moins fictif ou ludique, universités du 3° âge (il n’est jamais trop tard pour apprendre), innombrables associations dépourvues d’ objet social significatif, [2] ou encore conseils municipaux de nos villages peuplés de retraités en quête d’un semblant de reconnaissance sociale..
Dans un tel contexte, est-il raisonnable de proposer aux seniors de revenir sur le marché du travail et comment? Pour éclairer ce débat, parlons chiffres.
On sait que les retraites représentent environ 250 milliards d’euros, soit environ 13 % du PIB, pour 14 millions de retraités. Le nombre de ces derniers pourrait augmenter de 60 % d’ici 2050. Par ailleurs, le déficit de financement des retraites, dont on parle tant, tourne autour de 40 milliards mais pourrait atteindre en 2050 entre 70 et 115 milliards selon les hypothèses retenues.
On peut estimer à 22 millions le nombre de personnes activement employées en France qui contribuent à la création de richesses. Par ailleurs, sur 14 millions de retraités, le chiffre des personnes qui se situent dans la tranche d’âge de 60 à 70 ans s’élèvent à environ 6 millions. On peut admettre qu’au-delà de 70 ans , les capacités physiques ou intellectuelles des individus tendent à s’estomper peu à peu, encore que chacun connaisse parmi ses proches ou ses amis des exemples de personnes qui portent gaillardement le poids des ans bien au-delà de cette limite. Mais passons.
Admettons encore que sur ces 6 millions de retraités un tiers, soit 2 millions, soient inaptes à assumer un travail quelconque du fait d’un handicap quelconque résultant de leurs gènes, de leur activité professionnelle antérieure ou d’un accident de la vie. Encore qu’il soit difficile de croire que ceux des employés de la SNCF, d’EDF, de la police ou de l’armée qui ont passé leur vie dans les bureaux de l’entreprise soient porteurs de toute la fatigue du monde moderne. Le temps de la « machine à feu » de Zola appartient à la légende. Mais passons encore. La France, on le sait est le pays des avantages acquis qui ont fâcheusement tendance à se graver dans le marbre ou à se couler dans le bronze.
Quoiqu’il en soit, voilà donc 4 millions, soit près d’un 1/5 de la population active française , de jeunes retraités, ou de « jeunes vieux » pour reprendre l’heureuse expression du regretté Jacques Dupâquier, qui seraient susceptibles de venir renforcer le nombre des personnes productives et de contribuer au financement de leur propres retraites à hauteur de 50 milliards, et bien davantage sans doute, pour peu qu’on sache les inciter à le faire dans des conditions convenables.[3] Il en résulte qu’une telle mesure, si elle était mise en œuvre, permettrait de combler le déficit des retraites pour de nombreuses années . Mais nullement pour toujours. Pourquoi ?
Tout simplement parce que si le problème se pose aujourd’hui, c ‘est parce que des générations de Français[4], égoïstes ou inconscients, au cours des 30 ou 40 dernières années n’ont pas eu le courage élémentaire d’élever suffisamment d’enfants, laissant aux pères et aux mères de familles nombreuses, de moins en moins nombreux d’ailleurs, de le faire pour leur compte. Ils ont préféré, et on les comprend, aller au Club Méditerranée ou promener leur chien le dimanche. C’est évidement plus confortable que d’élever des nichées de gosses braillards et de leur payer des études toujours plus chères.
Il faut aussi évoquer le déficit de naissances résultant de la place importante et croissante dans la société française d’aujourd’hui occupée par les homosexuels dont il convient, certes, de respecter scrupuleusement les « orientations » sexuelles, mais qui, par ailleurs, ne sont guère connus pour leur fécondité[5]. Ce qui ne les empêche nullement de réclamer comme tout le monde leur part due sur le fonds des retraites.
La conséquence de tout ceci est que le ratio des actifs, qui financent nos retraites, aux inactifs, qui en vivent, n’a cessé de se dégrader au fil des années, passant de 1 à 4 naguère à 1 à 3 de nos jours et peut-être un jour de 1 à 1, comme au Japon. Et ce ratio va continuer à se dégrader inexorablement, quelles que soient les dispositions adoptées aujourd’hui, lesquelles ne feront que retarder les échéances inéluctables. Autant qu’on le sache. Car la vie économique a ceci de fâcheux qu’elle vous rattrape, tôt ou tard.
Certains experts, jamais à court d’imagination, ont cru trouver une solution bien commode au problème [6]: les immigrés allaient payer nos retraites come les croyants de jadis ont dévotement construit nos cathédrales.
Il est exact que les jeunes issus de l’immigration peuvent dans une certaine mesure compenser partiellement les trous creusés dan la pyramide des âges de la France par la sous fécondité française. Mais pas entièrement, loin de là. Pour deux raisons.
En première est que faute d’une assimilation trop longtemps négligée, ces jeunes, quelle que soit leur bonne volonté, sont majoritairement sous qualifiés. Or il tombe sous le sens que les cotisations d’une femme de ménage ne sont qu’une fraction de celles acquittées par un médecin ou un ingénieur. En second lieu, même s’ils étaient plus nombreux, ces jeunes, qui ne se sentent nullement solidaires des générations de « souchiens[7] » retraités qui les ont précédés, vont tôt ou tard refuser de payer pour eux. Là encore une révolte entre générations doublée d’une rébellion entre communautés prendra place inévitablement . On peut compter sur certains démagogues pour les éveiller à cette question.
Il ne faut pas se leurrer. La seule solution à long terme au financement de nos chères retraites réside dans la relance de la natalité française. Mais, de cette impérieuse nécessité, pas un mot dans le discours public, que ce soit au gouvernement ou dans l’opposition. Il ne faut surtout pas prononcer les mots qui fâchent. On en est donc réduit, faute de mieux, à des palliatifs de portée forcément provisoire.
Quoiqu’il en soit, un impératif s’impose : Il ne faut pas écraser les juniors sous le poids des « seniors ».
Certes, certains retraités , la conscience en paix, se complaisent dans ces perpétuelles vacances que la société, et les circonstances, leur a si généreusement octroyé. Les inciter à changer de mode de vie et de comportement ne sera pas chose aisée. Il faudra y parvenir pourtant, sauf à être contraint de le faire dans la douleur sous la pression de la nécessité
C’est dans cette optique que les dispositions déjà existantes dans le domaine fiscal devraient être précisées, renforcées et complétées par d’autres mesures sociales, notamment dans le droit du travail de façon à encourager un nombre croissant de « seniors » déjà partis à la retraite à revenir sur le marché du travail. Cela suppose aussi un gigantesque effort en termes d’aménagement des carrières, des conditions de travail et de formation. Le chantier est immense. Il a été à peine entrouvert. Le volume de la population active, et celui du PIB, s’en trouverait ainsi fortement augmenté et les charges du financement des retraites allégées d’autant.
Yves-Marie LAULANPrésident de l’Institut de Géopolitique des Populations, ancien professeur à l’université de Paris II, ancien haut fonctionnaire international

[1] Dicton inspiré du fameux proverbe allemand : « heureux comme un juif en France ».
[2]
Ou les luttes pour un pouvoir dérisoire ne sont pas rares et chaque mètre carré de bureau âprement disputé
[3]
Ces calculs sont évidemment effectués « à la hache ». Il ne s’agit ici bien entendu que de donner des ordres de grandeur
[4]
Ou d’Européens.
[5]
Ils représentaient naguère un faible pourcentage, probablement 3 % environ de la population , mais bien plus aujourd’hui en raison du tapage médiatique constant fait autour de ce penchant.
[6]
On songe ici inévitablement au vénérable Jacques Delors
[7]
Heureuse expression forgée par certains représentants des populations immigrées

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Retraites : mensonges et manipulations

Les contradictions d’une réforme
Publié le 10 septembre 2010 à 06h00 92 réactionsImprimer
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Photo : William Hamon
La journée d’action contre la réforme des retraites a, semble-t-il, été un franc succès, ce qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où la réforme portée par le ministre Woerth fait presque l’unanimité contre elle. On lui reproche son inéquité, son injustice, le recul des droits sociaux qu’elle implique ou l’insuffisante mise à contribution des revenus du capital. Pourtant, il est deux arguments qui me semblent insuffisamment développés dans le débat public.
L’esprit de cette réforme s’appuie sur ce que le gouvernement appelle les « mesures d’âge », censées réduire le besoin de financement sans avoir à augmenter les cotisations, ni réduire le montant des pensions. Or, ce point est éminemment discutable et les opposants font à mon avis l’erreur d’accepter ce postulat, ce qui ne peut que conforter la position du gouvernement.
L’arrivée à la retraite de la classe d’âge du baby-boom conjuguée à l’allongement de la durée de la vie, va incontestablement accroître le besoin de financement des systèmes de retraite. Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) évalue que le nombre de retraités augmentera de 37 % d’ici à 2030, ce qui ne représenterait pourtant que moins de 2 points de PIB à l’horizon 2020. Le problème se pose d’ailleurs en des termes tout à fait similaires pour toutes les dépenses sociales liées au vieillissement, assurance maladie et dépendance. Fondamentalement, il s’agit de savoir comment équilibrer les comptes sociaux, qui sont d’ores et déjà dans une situation de déséquilibre structurel avec un déficit de 10 milliards en 2008 et 20 milliards en 2009.

On considère généralement qu’il est possible de rééquilibrer les comptes, soit en réduisant le montant des prestations, soit en augmentant le montant des cotisations, ce qui est la logique même. En ce qui concerne plus particulièrement les retraites, on ajoute, une troisième solution qui tient lieu de remède miracle : l’allongement de la durée de cotisation.
Cette approche est affectée du même vice méthodologique que le « travailler plus pour gagner plus » du candidat Sarkozy qui prétendait augmenter le pouvoir d’achat par un allongement la durée de travail hebdomadaire avec son dispositif d’exonération des heures supplémentaires. Cette logique peut fonctionner pour un individu mais n’est à l’évidence pas transposable au niveau macro.
Le maintien des seniors plus longtemps au travail ne pourra pas se faire sans effet d’éviction. Soit ils parviendront à s’y maintenir et cela se fera au détriment des classes d’âges plus jeunes, ce qui sera le cas notamment dans la fonction publique qui devrait ainsi se transformer progressivement en véritable gérontocratie. Soit ils ne pourront pas et ils passeront simplement à la charge de l’assurance chômage.
On ne peut pas augmenter la quantité de travail globale d’une population en décrétant l’allongement de la durée individuelle. C’est un peu comme si on voulait rééquilibrer les comptes de l’assurance maladie en décrétant un allongement de la durée de vie en bonne santé !
Travailler plus ?
Cette réforme relève d’une pure logique proclamatoire. Le gouvernement décide d’augmenter statistiquement le volume de la population active, tout en lui assignant un objectif de retour au plein emploi. Comment ? Mystère ! Probablement par la magie de la parole sarkozienne… La technique n’est d’ailleurs pas nouvelle. Le gouvernement a fait la même chose en matière industrielle, où notre génial président a assigné à l’industrie comme à la glorieuse époque du gosplan, un objectif d’augmentation de 25 % de la production d’ici à 2015, annonce qui n’a été suivie que par la mise en place d’un observatoire statistique destiné à mesurer la part du made in France.
Les mesures d’âges ne pourront avoir d’effets positifs sur les finances publiques que dans deux cas :
- lorsque les allocations chômage dont pourront bénéficier les seniors qui devront attendre 62 ans et l’ouverture de leurs droit à la retraite seront inférieures à la pension retraite qu’ils auraient touché avant la réforme ;
- lorsque ceux qui ne pourront pas se maintenir dans l’emploi jusqu’à 67 ans afin obtenir la totalité de leurs droits, se verront affecter une décote qui réduira leur pension par rapport à ce qu’elle aurait été avant la réforme.
Dans les deux cas, les seules économies possibles se traduisent par une réduction des prestations. Qu’on arrête donc de considérer que le « travailler plus » est une solution alternative à l’augmentation des ressources ou la réduction des prestations !
Si la seule solution pour financer les retraites est de réduire le volume des pensions, qu’on le dise, qu’on l’assume et qu’on le fasse proprement, de manière égalitaire et sans épargner la génération dorée du baby-boom, ni même les retraités actuels qui – rappelons le – jouissent d’un niveau de vie en moyenne supérieur à celui des actifs. Car, c’est peut-être ce qu’il y a de plus choquant dans cette réforme, les mesures d’âge ne s’appliqueront pleinement qu’aux générations nées après 1956 !
Le report de l’ouverture des droits à la retraite – comme d’ailleurs la logique des heures sups dont elle partage l’esprit – ne peut fonctionner que dans une économie qui connaît des tensions sur le marché du travail. Or, avec un taux de chômage officiel de 9,3 %, on ne peut pas vraiment dire que ce soit le cas de la France ! Cette mesure aura, tout comme la précédente, essentiellement pour effet de maintenir le taux de chômage à un niveau élevé. On va donc boucher un trou en en creusant un autre.
Ces mesures d’âges ne rapportent d’ailleurs pas grand chose au regard de leur coût social pour ceux qui en seront les victimes. Selon les projections officielles, elles ne devraient représenter qu’environs le tiers des économies estimées de la réforme en 2015 et moins de la moitié en 2018 (44%), le reste provenant de ressources nouvelles. Et encore, ces projections ne prennent pas en compte le report de charge inévitable sur l’assurance chômage. Ces mesures d’âges qui sont présentées comme étant le cœur de cette réforme et la garantie d’un retour à l’équilibre des comptes apparaissent donc comme une véritable mystification !

Un mensonge en cache toujours un autre
Ce mensonge en cache en autre. Le gouvernement nous assure qu’il s’agit de sauver l’équilibre du système de retraite et d’en garantir l’équilibre sur le long terme. Or cela est tout simplement faux.
L’objectif n’est que de rééquilibrer les comptes en 2018. Jusque là, le système sera en déficit et après cette date il le sera de nouveau ! Entre temps, on devrait mobiliser le fonds de réserve des retraites, alors que son capital (une trentaine de milliards) ne correspond qu’à deux années de déficit prévisionnel selon l’échéancier de retour à l’équilibre prévu par la réforme. On notera incidemment que le siphonage ainsi organisé du FRR est totalement contraire à l’orientation présidentielle qui prévalait encore il y a un an et qui voulait doter la France d’un « fond souverain à la française », ce qui avait entraîné la création du Fonds Stratégique d’Investissement. Mais, il est vrai que, Sarkozy n’est plus à une contradiction près…
En outre, cet échéancier est basé sur la base d’hypothèses macroéconomiques qui semblent exagérément optimistes : 6,7 % de taux de chômage, +2,2 % croissance du PIB et +1,8 % de gains de productivité annuels pour la période 2014-2020 selon le scénario B du COR. Si ce miracle économique ne se produit pas, le système de retraite demeurera en déficit structurel et l’on reparlera d’une nouvelle réforme dans quelques années, que ce soit pour sauver les retraites ou la sécurité sociale dans son ensemble.
A quantité de travail constant (rien dans la réforme n’est censé avoir pour effet de l’augmenter) les dépenses liées au vieillissement appellent à l’évidence la mobilisation de ressources nouvelles, ou si l’on préfère, à réaliser des économies au sein de nos 56 % de PIB de dépenses publiques.
L’idéal serait encore d’éviter de poser la question en termes d’arbitrage entre actifs et inactifs pour tenter d’augmenter l’assiette qui sert de financement à la protection sociale, soit en développant l’emploi, soit en augmentant les salaires, soit par un meilleur partage de la richesse entre capital et travail, ce qui revient plus ou moins au même.
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